Rencontré au Salon automobile de Genève en marge de la révélation des nouveaux Duster, Spring et Sandrider, Romain Gauvin, Responsable Design avancé de Dacia, explique les raisons de la belle évolution du design de la marque.
DRIVE IN: On voit bien que Dacia change de peau en termes de design. Comment vous évaluez cette nouvelle donne ?
Romain Gauvin: En termes de design, nous avons maintenant une gamme largement renouvelée. Juste derrière nous se trouve, exposé en première mondiale, le Sandrider, qui présentera la marque dans sa prochaine aventure au Rallye Dakar. Nous avons aussi deux nouveaux modèles, Duster et Spring, qui portent ce nouveau design de Dacia.
Nous sommes assez fiers aujourd’hui de présenter le Sandrider parce que cela fait quelques années que nous l’avons dans le studio et nous avions envie de le partager avec tout le monde. Nous avons aussi d’autres modèles qui arriveront dans les années qui viennent et qui vont pousser vers de nouveaux segments. C’est un moment assez spécial pour Dacia.
Justement, quelles sont vos sources d’inspiration en termes de design, sachant que certains de vos modèles étaient déjà beaux, notamment le Duster et la Sandero, et qu’il est encore plus difficile de changer un modèle qui plaît déjà ?
Cela va peut-être surprendre, mais pour nous designers de Dacia, notre source d’inspiration sont nos clients. Nous passons beaucoup de temps à les étudier, à leur parler, à discuter avec eux. C’est aussi un peu la manière dont nous avions procédé sur le Sandrider en considérant les pilotes comme nos clients. C’est la méthode que nous utilisons également pour dessiner les prochaines Sandero.
Nous écoutons un peu quels sont les soucis et tout cela, nous l’utilisons comme matériau. Nous le mélangeons un peu avec notre savoir-faire de designers, afin de faire les bons choix en termes d’esthétique et de proportions sur nos véhicules. Mais tout en essayant de garder vraiment à l’esprit la simplicité. Nous voulons répondre à nos clients, mais en même temps, nous voulons faire des choses simples. Cela donne le design que nous avons aujourd’hui sur le stand, avec des véhicules expressifs.
Ce qui est important pour nous, c’est une expression simple, des volumes compréhensibles et des fonctionnalité compréhensibles aussi. Il faut que chaque chose sur nos véhicules soit bien claire en sa fonction et son utilisation. On n’a pas besoin d’un manuel épais pour comprendre comment elle fonctionne ou pour rentrer dans les menus. C’est quelque chose qui nous passionne dans notre vie de tous les jours.
Au tout début, le design Dacia était drivé par le coût. Est-ce que c’est toujours le cas ou est-ce que maintenant vous pouvez donner libre cours à votre imagination ?
Le coût est toujours présent. Du fait de ma fonction au département Design avancé, je travaille très en amont. Je travaille également sur les véhicules de production, mais uniquement sur la partie extérieure. Nous réfléchissons très tôt et nous essayons de faire les bons choix stratégiques. Nous puisons également dans les ressources du Groupe Renault et dans ses technologies éprouvées. Nous passons beaucoup de temps à trouver les bons ingrédients. Nous négocions sur chaque Euro que nous mettons dans la voiture et nous nous concentrons sur l’essentiel.
Nous sommes toujours drivés par le coût, mais un peu différemment.
En tant que designer-artiste, quels sont les points dont vous êtes le plus content ou fier, dans ce nouveau design ?
En prenant le Duster comme exemple, je pense qu’une des choses dont je suis le plus fier, c’est le dessin de cette face avant qui est ultra simple. Vous ferez le test avec un Duster dans le rétroviseur, en le regardant de très loin, on le reconnaît. C’est un peu le Graal pour un designer d’avoir quelque chose qui est iconique, qui est reconnaissable. Et reconnaissable avec peu de choses. Le minimalisme, c’est presque une drogue en fait. C’est quelque chose qui est très importante pour moi et qui a énormément de sens pour Dacia.
Sincèrement, avec le nouveau Duster, le pari est très réussi. Nous avons énormément de retours positifs. J’aimerais me projeter, dans un an, quand nous serons à pleine cadence sur Duster, pour voir les gens l’utiliser, voir les chiffres de ventes et confirmer que nous avons fait les bons choix sur cette voiture.
Une autre chose dont je suis très fier aussi, c’est de voir la confiance dans les yeux de tous les collaborateurs, chaque fois que nous présentons un nouveau modèle. Lors de journées comme aujourd’hui, nous rencontrons des gens qui produisent des voitures, des gens qui vont les vendre, des gens qui vont en parler avec un sourire et qui sont fiers de représenter la marque, de présenter ses nouveaux modèles. Pour un designer qui a travaillé au début dans l’ombre, entre quatre murs, d’une manière confidentielle, et d’un seul coup, quand ses voitures sont exposées, il voit la confiance et l’envie qu’elles donnent, cela représente une énorme fierté. Ce moment est un énorme plaisir.
Il y a toujours eu des «réunions animées» entre les artistes/designers et les ingénieurs lors de la conception d’un nouveau véhicule. Les uns mettent la beauté du véhicule en avant, les autres réfléchissent beaucoup à ses capacités dynamiques et ses performances aérodynamiques. Qui l’emportent chez Dacia, les artistes ou les ingénieurs ?
Un des avantages que nous avons chez la marque Dacia, et je pense que c’est quelque chose qui se sent beaucoup dans les véhicules, c’est qu’il y a une énorme cohésion entre toutes les fonctions. Entre les designers et les ingénieurs existe énormément de confiance mutuelle. Nous avons fait pas mal de voitures ensemble. Nous nous connaissons bien et nous nous engageons à respecter certaines contraintes.
Nous sommes en contact quasi permanent avec les ingénieurs de la marque. Il y a énormément de discussions entre nous, et ce qui est important pour moi, c’est l’énorme respect qui existe entre toutes les expertises.
Je pense que c’est quelque chose qui se sent à la fin sur le produit final. Dacia est une marque qui a un positionnement de marché assez spécial, mais qui a une stratégie très claire, et qui est facilement compréhensible en interne. Tout le monde a une idée très claire de ce que c’est que Dacia et vers où doit aller la marque.
Cela paraît peu de choses, mais cela donne un but clair à tout le monde. Il n’y a pas vraiment de rivalité entre les équipes. Il y a des discussions sur tel euro si on doit le placer ici, ou est-ce qu’on doit le placer là.
Mais ce sont des choses qui sont intéressantes, parce que chaque expertise est intéressante, que ce soit la mienne ou celle d’un ingénieur. Cela fait des journées assez riches, mais toujours enrichissantes.
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